En Amérique, Susan Sontag

En 1873, l’actrice Maryna Zalezowska est à l’apogée de sa carrière. Star des théâtres en Pologne, elle vit dans le faste et la facilité, entourée de ses proches et de ses fervents admirateurs. Mais quelque chose s’enracine en la comédienne, l’étrange sensation de passer à côté de sa vie – la vraie – d’être lassée du monde du spectacle. L’envie d’accomplir quelque de chose de « téméraire » va la conduire à de grands bouleversements.

Maryna Zalezowska décide de partir aux Etats-Unis, ce continent de tous les possibles, ces terres où il y a la possibilité de tout recommencer à zéro, de construire quelque chose. Là-bas, elle veut également essayer de créer une communauté directement inspirée des idées philosophiques et sociales de Charles Fourier : la création d’un phalanstère où chacun vit dans des dépendances,  mais mettent leurs économies en commun et participent du travail de leurs terres.

Maryna est accompagnée de son mari, son fils, un écrivain journaliste, un couple d’amis… après une traversée parfois rocambolesque des états-unis, ils finissent par s’installer en Californie « le paradis du travailleur« . Tout est nouveau, immense, excitant. Le travail manuel, les grands espaces, les discussions intellectuelles au dîner, ravissent Maryna et ses comparses… Jusqu’à ce que le rêve révèle l’envers du décor, les difficultés financières, les tensions entre les gens, la méconnaissance de l’agriculture… Maryna Zalezowska va donc une nouvelle fois devoir repartir de zéro, et tenter une carrière de comédienne aux Etats-Unis, reste à franchir la barrière de la langue, s’adapter à l’aspect spectaculaire des pièces représentées…

Ce roman, inspiré de la vie d’Helena Modrzejewska, est une magnifique épopée, suivie par une héroïne charismatique, intelligente, éprise de liberté et d’indépendance. Une femme prête à tout pour vivre le plus fort possible ce qui se présente à elle, parvenir à trouver son équilibre, et ne jamais renoncer devant les échecs. 
Susan Sontag excelle dans les descriptions et réflexions sur le théâtre, sur les relations humaines, amoureuses ou amicales. Elle a le don précieux de nous planter des décors réalistes, où prend vie ce XIXe siècle de tous les possibles, de toutes les nouveautés scientifiques, à la fois suranné, distingué, naïf, cultivé et fasciné par le renouveau. 

Un roman récompensé par le National Book Award en 2000

Editions Bourgois, collection poches Titres (2021)
Traduction Jean Guiloineau

Susan Sontag est sans doute l’écrivaine américaine la plus « européenne ». Née en 1933 à New York, c’est à l’âge de trente ans que Susan Sontag publie son premier roman, Le Bienfaiteur (Le Seuil, 1965), une étude sur la formation de la personnalité. Dans les années 60, elle écrit pour différents magazines et revues. Très engagée à gauche, figure de la scène new-yorkaise, elle est proche d’intellectuels français comme Roland Barthes, auquel elle a consacré un livre (L’écriture même : à propos de Roland Barthes, Christian Bourgois éditeur). Elle publie en 1977 un essai, Sur la photographie, où elle s’interroge sur la différence entre réalité et expérience. Elle défend le concept de « transparence », autrement dit de l’évidence de l’œuvre, avant toute interprétation. Elle publie L’Amant du volcan (1992) et En Amérique (1999) pour lequel elle a reçu le National Book Award. Elle a reçu le Prix Jérusalem pour l’ensemble de son œuvre et en 2003 le Prix de la Paix des libraires à Francfort. Susan Sontag est décédée en décembre 2004.

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