La décharge, Béatrix Beck

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Découverte sans fard de la famille Duchemin, famille marginale, recluse, qui s’entasse dans une bicoque, entre la décharge et le cimetière. A la demande de son institutrice, Noémi va écrire, ses souvenirs, sa vie.
Ce roman est donc un assemblement de notes, de cahiers, de lettres, dans un style libre, intense, fou, oral. Où le plus sordide devient pétillant.L’écriture surprend, au tout début : c’est un langage oral, qui passe d’un sujet à un autre sans prévenir, avec des bouts d’anecdotes qui ressemblent à des instantanés pris sur le vif. Une de frénésie des mots, de soif de dire, d’écrire.Et surtout, on finit par s’attacher terriblement à cette Noémie, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui suit son chemin, qui n’accepte pas qu’on lui dicte son comportement. Elle est espiègle, intelligente, et n’hésite pas à vivre comme bon lui semble.

De jolis passages sur le deuil, sur l’exclusion, que Noémie vit avec une certaine légèreté, la mort fait partie de son quotidien, fait partie de la vie. Elle est là toujours, ce n’est ni un tabou, ni un truc à respecter plus qu’autre chose. Être mort, avoir sa place au cimetière (ou non), c’est être là aussi, dans le souvenir, dans la pensée.

Les trahisons sont toujours horribles, et là, Béatrix Beck, en quelques pages, elle arrive à poser le plus moche de l’humain, à le montrer du doigt, là comme ça, parce que ça existe, et qu’il ne sert à rien de l’occulter, ou d’en avoir peur, ou de le tempérer. Et parce que Noémie est comme ça : elle affronte.

C’est toujours une bonne surprise un livre de Beck  elle dit bien les choses, elle transmet quelque chose d’une époque, une langue, une mentalité, un petit côté désuet, mais pas complètement anachronique.

1ère édition : 1979
Editions Grasset (1988)

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