L’encre vive, Fiona McGregor

fiona mcgregor encre vive actes sudUn été caniculaire à Sydney, on parle sécheresse, écologie. Une famille de bourgeois avec plein de petits problèmes. Marie, la mère, divorcée, ne peut plus rester dans la grande et belle demeure familiale. Elle n’en a plus les moyens. Ses trois enfants essayent comme ils peuvent de bien faire les choses, mais avec cet égoïsme naturel de l’enfant qui pense à lui avant de penser à sa mère.
La vente de la maison est un crève cœur pour Marie.
Elle boit beaucoup, depuis toujours, mais là, elle boit encore plus.
Elle sent que sa vie lui échappe, qu’elle n’a plus vraiment le droit de dire ce qu’elle pense, ce qu’elle veut. Qu’elle a été toute sa vie une bonne épouse, une bonne mère au foyer. Le réconfort, elle le trouve dans la culture de son magnifique jardin et dans les ronronnements de Mopoke, sa chatte vieillissante et presque sénile.

Puis, un jour, un peu sous l’emprise de l’alcool, un peu poussée par une impulsion d’indépendance, de rébellion, elle entre dans un salon de tatouage, et en ressort avec une fleur sur l’omoplate.

Un secret, une brûlure, une marque, un choix qu’elle a fait seule, pour elle.

De là, Marie va faire connaissance avec Rhys, célèbre tatoueuse, qui l’écoute, lui parle, l’emmène à une fête, la sort de son quotidien solitaire et morose.
De là, Marie va se réapproprier ce corps, va multiplier les tatouages, va sortir d’une conformité qui avait fini par l’emprisonner.

Ce livre, on se laisse aller à le lire tranquillement, sans vraiment être surpris, bousculer, troublée. Puis, Fiona McGregor arrive à rendre chacun de ses personnages attachants. D’une belle complexité réaliste, on a envie parfois de les sermonner, de les soutenir, de leur expliquer les choses, mais on les comprend.
L’autrice fait preuve d’une réelle empathie envers eux, une bienveillance naturelle, sans pour autant se voiler la face.
Ce livre dessine des portraits très actuels. Chacun à chercher le sens de sa vie.
La force ce roman tient d’ailleurs dans les changements de narrateur, la multiplicité des points de vue. Impossible de tomber dans le manichéisme, et qui permet au lecteur de découvrir le décor et ses diverses faces cachées.
Et puis, petit à petit, sans en dévoiler plus que cela, cette histoire devient très émouvante, voire bouleversante. Sans aucune trace de pathos. Et on a envie de rester auprès de Marie, dans son jardin, à regarder les fleurs pousser.

Éditions Actes Sud (mars 2019)
Trad. Isabelle Maillet

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