Station : La chute, Al Robertson

station la chute al robertson denoelPitch de départ, un type, Jack, habité par une marionnette IA, Fist, est libéré de sa station orbitale de prison après 7 années. Emprisonné pour trahison envers le système en place, il a droit à une trêve de 3 mois sur Station (asile orbital où vivent les derniers humains) avant de mourir et que sa marionnette prenne le contrôle totale sur son enveloppe charnelle.

Seulement, Jack a ruminé 7 ans, « seul » dans sa prison, et veut se venger, faire justice, rétablir la vérité sur sa réputation…Rien de très original dans le scénario ou même la description du monde : les humains sont à fond transhumanisme, enveloppes et cerveaux améliorés, ils vivent constamment connectés, ne voyant du monde qui les entoure qu’un décor numérique (alors qu’évidemment l’envers du décor est souvent dans un état lamentable). Assaillit de publicités, plus ou moins contrôlés par des dieux qui décident de l’avenir de chacun, l’humanité ne ressemble plus qu’à une communauté de fourmis travailleuses, droguées et manipulées par des entités assoiffées de puissance et de pouvoir.

Jack, c’est le petit grain de sable qui dérange tout le monde.

Mais, malgré ce classique scénario et univers, le roman fonctionne très bien.
Le rapport entre la marionnette (acariâtre, pédante, violente, grincheuse) et l’humain (honnête, romantique, âme de justicier, alcoolique) est captivant. Avec des moments franchement drôles (humour noir souvent), et des échanges machine-humain qui mettent en relief les problématiques soulevées par un monde trop numérisé, aseptisé, contrôlé, désabusé.
Jack révèle petit à petit tous les dysfonctionnements de ce monde factice, où le libre arbitre est étouffé par un Panthéon égoïste. Et l’auteur parvient aussi à donner du relief aux personnages, qui évoluent au fil de l’histoire, et rendent le scénario plus complexe et délicat qu’il ne le laisse penser de prime abord.

Un roman prenant, avec des questionnements d’actualité et des personnages bien construits.

(Ed. Denoël 2018 – trad. Florence Dolisi)

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