Une poignée de vie, Marlen Haushofer

poignee de vie marlen haushofer actes sudUn homme meurt dans un accident de voiture. La famille, alors, se rend compte, qu’il n’était plus aussi prospère que ça. Son usine de clous (oui c’est drôle !) ne marchait plus tellement. Du coup, la demeure familiale est mise en vente.
Une famille succinctement présentée, mais où Marlen Haushofer glisse déjà des fissures, des troubles.

Après plusieurs échecs d’acheteurs, arrive Betty.
Taiseuse, peut-être malade, le fils est perturbé : il l’apprécie et se sent un peu mal à l’aise en sa présence. En tout cas, elle semble vouloir acheter la maison. Pour la nuit ils l’hébergent dans la chambre d’ami.e.s.

Le récit alors change de point de vue, et plonge dans la tête, les pensées, les frissons de Betty. Dans un tiroir, elle découvre des cartes postales et des photos d’un autre temps. Un autre temps qu’elle a connu. Un monde dont elle ne fait plus partie.
Et alors Betty va faire face à son passé. Comment cette femme a un jour fuit, tout quitté. Comment de la jeune fille élevée par les sœurs, va découvrir qu’elle pose trop de questions, pense trop, n’arrive pas à rentrer dans le moule. Comment la jeune femme va tenter de suivre le chemin tout tracé de l’épouse, la mère, et ne pas s’en contenter. Continuer la lecture

Love me tender, Constance Debré

constance debré love me tender flammarionConstance a quitté son mari depuis plusieurs mois, ils gardent une relation cordiale (parfois ambiguë quand Laurent, l’ex, essaye encore de coucher avec elle), se partagent équitablement la garde du fils Paul (8 ans). Puis Constance annonce, comme si ce n’était pas évident avec sa nouvelle dégaine asexuée, ses cheveux courts, son air androgyne, qu’elle est lesbienne.
Et là.
Laurent se braque.
Et la sépare de son fils.

De là, Constance va aller encore plus loin dans la rupture avec sa vie d’avant, cette vie vide de sens, où l’on se perd dans un million de choses. Elle lâche tout : appart, fringues, livres… Elle squatte à droite et à gauche, chez des potes, des amantes, des chambres d’hôtel.
Elle ne voit jamais son fils, elle commence une longue et pénible démarche pour avoir droit de visite, de moments. Laurent ne laisse rien passer, ne lâche rien.
Constance mâche son chagrin, l’avale, le garde collé au fond du ventre, et vit.
Elle nage, elle baise, elle écrit. Continuer la lecture

Cent millions d’années et un jour, Jean-Baptiste Andrea

La folle quête d’un scientifique pour retrouver le squelette d’un dinosaure dans les neiges éternelles des alpes.

France, 1954. Stan est un paléontologue en fin d’une carrière pas aussi palpitante qu’il ne l’aurait espéré. Sur les dires d’un vieux concierge italien récemment décédé, il décide de partir à la recherche des ossements d’une espèce de dinosaure dont l’existence n’a jamais été prouvée. Avec l’aide de deux compères et d’un guide, Stan se lance à l’assaut des montagnes glacées, au péril de leur vie et de leur santé mentale.

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Agathe, Anne Cathrine Bomann

agathe bomann peupladeUn psychanalyste se prépare à la retraite. Il a fait le calcul, il lui reste 800 entretiens avant de pouvoir tout arrêter. Cartésien, lassé, blasé, désabusé, solitaire, il n’a plus que cet objectif en tête. Sans autre projet que son fauteuil et un bon livre.
Mais voilà que sa secrétaire accepte une nouvelle patiente. Elle a insisté pour être suivie par lui. Mécontent, il la reçoit tout de même.
Et là, un décalage dans sa routine, une étrangeté dans son regard, un parfum de pomme sur la peau, le psychanalyste est touché, perturbé, curieux.
Agathe est allemande, en perte de repère, de goût pour la vie. Elle casse la distance professionnelle instaurée par le psychanalyste, elle le bouscule, le sort de sa zone de confort.
À cela s’ajoute l’absence soudaine de la fidèle, assidue, et ordonnée secrétaire, qui pour la première fois va ouvrir au psychanalyste la porte vers sa vie privée. Continuer la lecture

Homo Sapienne, Niviaq Korneliussen

Portrait de la jeunesse groenlandaise. Personnages que l’on découvre chez eux ou à une fête. Récits construits en parties : à chacune son narrateur. Monologues intérieurs puissants. Des histoires d’amour qui se terminent, à décrire avec une violente justesse la mort des sentiments, l’ennui, la colère, le dégoût de l’amour de l’autre. Des histoires d’amour qui naissent, une rencontre à une soirée, une fille magnifique, le « courant passe », l’électricité palpable à chaque mot. Le besoin de fête, d’alcool, de bruits, de mouvements, pour oublier que ce pays est une prison, cloisonne, n’offre pas de perspective, tourne en rond.
La sexualité, le questionnement du genre, fait avec naturel, évidence, mais sans fermer les yeux sur le rejet, parfois, des parents, d’une famille qui nous ferme la porte, et une autre qu’on se crée, avec qui on est soi. Continuer la lecture