Une chambre au soleil, John Braine

Joe Lampton n’en peut plus de sa petite ville mortifère, Dufton. Ville ouvrière en plein déclin depuis que l’usine qui faisait vivre les 3/4 de la ville a fermé. Tout lui semble gris, sans avenir, les gens y sont pour lui des « zombis » dénués de cette vie qu’il sent encore vibrer en lui.
Il décide de partir à Warley, où il a décroché un poste de fonctionnaire. Son but : se faire un nom, connaître l’opulence, fréquenter la haute bourgeoisie.

Tout semble lui sourire, grâce à son charme, son intelligence et son humour, les portes s’ouvrent devant lui. Seulement, si au travail et en amitié, les choses semblent parfaitement progresser, Joe pense que son ascension sociale passe aussi par un bon mariage. Il vise la jeune et jolie Susan, fille d’une des plus riches familles de Warley, mais promise à un homme de son monde – et puis il rencontre Alice, mariée, de dix ans plus âgée, avec qui il découvre un réel épanouissement.

Ce roman est captivant, on suit les pas de Joe Lampton, son arrogance et son arrivisme cachent une fragilité et des blessures qu’il tente d’oublier. Un personnage complexe, qui met en lumière les conflits intérieurs entre le désir de réussite et ce qui fait vibrer le cœur, entre le paraître et l’intégrité. Lampton essaye avant tout de tracer son existence, de s’élever de sa classe sociale, jusqu’à faire des choix qui hantent sa conscience.

Un livre d’une écriture frontale, qui dénonce les inégalités sociales, le grand jeu hypocrite des interactions humaines. Joe Lampton semble prendre les traits d’un Rastignac (Le père Goriot, Balzac) ou d’un Raskolnikov (Crime et Châtiment, Dostoïevski) anglais et contemporain.
Un antihéros au regard froid et lucide sur le monde qui l’entoure, sur les inégalités, au charisme sensuel, mettant en lumière des personnages féminins intenses.

Éditions Typhon (janvier 2022)
Traduction : Sarah Londin

John Braine (13 avril 1922 – 28 octobre 1986), né à Braford, dans le Yorkshire, a vécu de petits boulots en petits boulots avant de devenir bibliothécaire dans une petite ville du Nord où il consacra toute son énergie à l’écriture de son premier roman qui connaîtra un succès monumental à sa sortie et demeure aujourd’hui un classique de la littérature anglaise des années 60. Room at the top (Une chambre au soleil) se classe dans le mouvement des Angry Young Men, les « jeunes gens en colère », qui explorent des thèmes réalistes à travers une série d’anti-héros issus de classes modestes.

Grand lecteur de Maupassant, il transpose le sujet de Bel ami dans l’Angleterre de l’après-guerre. L’histoire d’une revanche sociale d’un jeune homme issu du milieu ouvrier.

David Bowie classe ce livre parmi ceux qui ont changé sa vie.
En 1959, l’adaptation cinématographique – Les chemins de la haute ville – reçoit le Golden Globe et l’Oscar du prix d’interprétation pour Simone Signoret. Le film est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la nouvelle vague anglaise.

Associé – avec John Waine, Alan Sillitoe et Keith Waterhouse – au mouvement des Jeunes hommes en colère (Angry Young Men), John Braine (1922-1986), avec son humour tranchant à la rage contenue, décrit la résistance acharnée des femmes et des hommes aux pesanteurs de la reproduction sociale.

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