Éden, Monica Sabolo

eden monica sabolo gallimardUn coin perdu, pauvre, une réserve. On ne sait pas où. On sait l’isolement, le huis clos d’une petite ville, les rumeurs qui vont avec, les regards en biais.
Il y a la forêt, immense et belle, encore imprégnée de mystère, de sombre, de magie.
Il y a les blancs et leur machines à déforestation acharnée.
Il y a le lycée.
Il y a la grosse autoroute qui traverse la ville.
Il y a le Hollywood, le bar où les ouvriers viennent boire plus qu’il ne faut.

Et Nita.
Qui s’ennuie un peu. Qui rêve de la prendre cette autoroute. Qui a sa vie monocorde.
Puis débarque Lucy. Avec son père, ils emménagent dans l’ancienne caserne de pompiers. Ils viennent de la ville.
Lucy est solitaire. Elle ne parle à personne, et personne ne lui parle vraiment. Ni les blancs ni les indigènes.
Lucy est double. Elle a toujours dans son sac une tenue de rechange, une jupe très courte, un tee shirt moulant, du maquillage. Loin du regard de son père, elle se métamorphose. Et elles parlent aux hommes. Ou les hommes lui parlent. En tout cas… très vite sa réputation est faite.
Mais Nita est aimantée, intriguée.
Parfois Lucy va dans la forêt. Un jour elle l’y entraîne et lui montre d’étranges symboles suspendus dans les arbres. Nita ne comprend rien. Lucy retourne à sa solitude.
Puis… des hommes, blancs, se font agresser par une immense, poilue, puissante, bestiole. Comme un être de la forêt, il déchiquète et disparaît dans l’obscurité.
Puis… un jour Lucy disparaît. Panique.
(Il arrive que ce soit des indigènes qui disparaissent, mais ça, tout le monde s’en fout.)
Une blanche. Il faut la retrouver.
Retrouvée. Violée. Muette.
On accuse l’indien.

Monica Sabolo a écrit un roman puissant, avec une atmosphère et des décors très forts, des personnages réalistes, profonds. Elle parsème son histoire de thèmes forts : racisme, sexisme, amitié, adolescence, viol, parentalité, famille dysfonctionnelle, pauvreté, isolement, sans jamais perdre le fil du romanesque. Sans non plus tomber dans la facilité.

Éditions Gallimard (2019)

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