Et toujours les forêts, Sandrine Collette

et toujours les forets collette lattesOn le voyait venir, à force d’écrire des livres noirs, très noirs, avec des personnages franchement pas la crème de la gentillesse… Voilà, Sandrine Collette l’a fait : elle a mis fin à l’humanité.

Corentin, le gamin mal aimé, abandonné, puis choyé par son arrière grand-mère, la vieille Augustine, va avoir l’espoir d’une nouvelle vie pleine de lumières et d’ami.e.s, lorsqu’une vague de chaleur décime l’humanité et la nature. Corentin, au « frais » dans les catacombes, survit. Il ne reste rien. Quelques personnes hagardes se dispersent dans la ville noircie et fondue.
Corentin va faire son seul choix possible : retourner aux Forêts. Là où la vie était rude, simple, cloisonnée. Là où Augustine l’a élevé et aimé. Là où il trouvera refuge.

Des descriptions de villes et campagnes grises, mortes, enfouies sous les cendres. La terre aride et dévastée, plus rien ne pousse. Il n’y a plus de soleil, plus de couleur, aucune plante, aucun animal. Le silence.
Un peu à contre-pied d’autres romans post-apocalyptique, Sandrine Collette choisit de nous faire voir, comprendre, sentir les choses, uniquement à travers le regard de Corentin : nous ne saurons donc jamais vraiment ce qui s’est passé, ni comment va le monde alentour.
Sandrine Collette s’attache à l’intime, au cocon, à l’instinct de survie où tu limites ton territoire, parle peu, t’adonne à des tâches de survie, comme une bête de somme. Opiniâtrement.
Des phrases courtes, poétiques, âpres, qui transmettent si bien l’atmosphère du roman qu’on pourrait craindre qu’en regardant par la fenêtre, le monde a vraiment disparu.
La description d’une humanité qui, pour survivre, devient presque une bête. Corentin, un personnage, qu’on admire et qu’on condamne, qui fait le bien et le mal, qui questionne les moyens pour parvenir à une finalité qui le dépasse.

Un roman riche, profond, intelligent, troublant. Qui déplace les lignes, les floute, ouvre le récit et sollicite lecteur et lectrice.

Éditions Lattès (2020)

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