Les enfants du silence, Gong Ji-young

Inho trouve un poste de professeur, par piston, dans une école spécialisée pour les sourds-muets. Elle est dans une petite ville, il doit quitter sa femme et sa jeune enfant, mais il ne peut se permettre de faire autrement.

Il apprend rapidement quelques notions de langage des signes.

Lorsqu’il arrive dans la ville de Mujin, il découvre une ville sous le brouillard, un brouillard épais qui fait planer une atmosphère étrange, mystérieuse, et un peu effrayante.
Inho découvrira que le brouillard est quasi permanent dans cette ville et qu’il cache de terribles secrets…

Dès la quatrième de couverture, on est prévenu.e.s : les événements racontés dans ce roman sont vrais. Ce livre a été adapté en 2011 au cinéma. Le livre a provoqué un séisme en Corée et une nouvelle loi a été votée, qui durcit les peines pour les auteurs d’agressions sexuelles sur les mineurs et les handicapés.

Le ton est donné.
Cette histoire va être dure. Et elle l’est.
Inho découvre que les professeurs et administrateurs de l’établissement ne parlent pas ou peu la langue des signes, qu’ils se montrent très sévères envers les enfants. Enfants qui sont bien trop maigres, portent parfois des marques de coups, et semblent toujours sur le qui-vive.
Récemment, l’un d’eux est décédé, son corps retrouvé percuté par un train.
Mais ce n’est pas le premier mort, la première disparition étrange.

Gong Ji-young nous fait tout voir à travers les yeux de Inho. Un homme au cœur bon, qui dès que quelque chose lui semble étrange, se met à enquêter, essaye de communiquer avec les enfants… et qui, petit à petit, va découvrir l’horreur qu’on leur fait subir.
L’autrice déroule son roman, dans l’opacité étouffante de ce brouillard où les silhouettes des monstres s’avèrent être celles d’hommes et de femmes détenant l’autorité, le pouvoir et la notoriété. Des êtres quasi intouchables. Face auxquels les enfants sont des victimes faciles.

C’est un récit-roman très fort, qui donne plusieurs fois la chair de poule. Et fait bouillir la colère, l’envie de justice.
Gong Ji-youn montre aussi la difficulté de se faire entendre dans un gouvernement pourri par la corruption, le patriarcat et la dictature.

Puissant.

Ed. Picquier (2020), Trad. Lim Yeong-hee, et Lucie Modde

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.