L’horizon qui nous manque, Pascal Dessaint

horizon qui nous manque dessaint rivages[Pascal Dessaint sera présent au salon Paris Polar 2019 – samedi 23 et dimanche 24 novembre – mairie du 13e]

Au milieu des dunes, pas très loin de la jungle de Calais. Trois personnages vont vivre, survivre, dans des mobil home.

Lucille est paumée. Elle a tout donné à la jungle de Calais, trop donné. Elle y a perdu sa mère (qui ne lui parle plus parce qu’elle a tout lâché pour les migrants), son copain (qui s’intéresse à la faune locale et se désespère de la voir maltraitée – notamment par la création de la jungle), et l’impression de servir à quelque chose, que sa vie a un sens.
Elle rencontre Anatole, le vieux chasseur des dunes, qui sculpte et peint des oiseaux moches, fait pousser plein de chlorophytum, collectionne les bons de réductions, et cite Gabin à toute berzingue.
Il vit dans un mobil home, et accepte de sous louer le deuxième à Lucille.
Puis Loïk débarque. Il annonce tout de suite qu’il a fait de la prison, et cherche un endroit où loger. Il vise la vieille baraque à frites abandonnée qui traîne entre les mobil home. Anatole accepte.

Un trio de gens seuls, malmenés par la vie. qui ont connu pas mal de déboires, et se renferment dans une solitude rassurante.

Pascal Dessaint dessine un paysage. Gris, monotone, tranquille, où les gens parlent peu, se confient rarement, se méfient des autres. Où ils se baladent avec leur passé pesant sur les épaules.
L’auteur parle écologie, migrants, pauvreté, clivage social, répartition des chances.

Il y a une tension perpétuelle, on sent qu’il va y avoir un drame ou deux, que des personnages si bringuebalés et tourneboulés par l’existence, dans une société qui ne lâche rien, n’adoucit rien, ça va exploser.
Ce roman noir est social, avec la nature omniprésente, et des personnages qui tentent de vivre, de survivre, avec, dedans, à se battre et à se laisser mener.

Les personnages archétypes rappellent  l’ambiance des vieux films, avec cette atmosphère lente, tranquille en apparence, mais toujours sur un fil.
L’horizon qui nous manque se lit avec un réel plaisir. C’est un livre qui tient son lecteur, le divertie, fait parfois sourire, attendrie. Un beau livre, très humain et empathique, avec un fond social et engagé.

Ed. Rivages (2019)

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