Les étoiles les plus filantes, Estelle-Sarah Bulle

L’histoire revisitée d’Orfeu Negro

Nous sommes en 1958, en pleine guerre froide où la décolonisation est dans l’air du temps.
Nous entrons au Brésil, pays tropical chaleureux rythmée par les cariocas, le carnaval, la samba, Copacabana, le Corcovado et le football.

Aurèle Marquant, réalisateur français, fait le pari de réussir l’adaptation de la pièce de Théâtre de Vinicius de Moreas sur le mythe grec d’Orphée et d’Eurydice, plongée dans une favéla de Rio de Janeiro.
Le casting composé de gipsy Dusk épouse Americano Philippine du réalisateur, Norma et Eva les deux brésiliennes qui rêvent de paillettes et de célébrités comme à Hollywood et Breno le footballeur dans le rôle d’Eurydice portera le film jusqu’au festival de Cannes en 1959.

Ce roman magistral nous fait découvrir les coulisses du cinéma, du business de la production. Richement documenté, on est bercé par un fond sonore de bossa nova de Jobim et Baden, musique encore inconnue à l’instar du rock and roll de l’autre Amérique.
En toile de fond politique, le maccarthysme pointe son nez. Gypsy sera l’espionne qui transmettra à la CIA les conversations des intellectuels de gauche, pactisant notamment avec Cuba et un certain Fidel Castro, en échange d’un concert de bossa nova au Carnegie Hall a New York.
L’autrice évoque les différences sociales et raciales, les riches et les pauvres, les noirs et les blancs, avec la politique de ségrégation américaine, la bourgeoisie intellectuelle et les autres.
La critique affirme que la présence immense de noirs ne correspond pas aux attentes des classes supérieures.
Le Brésil doit apparaître comme sur une jolie carte postale et ne pas montrer la réalité sociologique et politique d’un pays. La politique culturelle est une affaire de choix et de priorités.
Le film n a aucune chance d’être à Cannes, les rêves d’ascension sociale sont rompus et pourtant Aurèle Marquant se bat et s’oppose férocement aux 400 coups de François Truffaut. La victoire sera rapportée grâce au vote du  jury présidé par Jean Cocteau.
Estelle-Sarah Bulle nous invite à revoir un film culte et à s’emparer de ce chef-d’œuvre magistral.
A ne pas manquer pour cette nouvelle rentrée littéraire.

Editions Liana Levi (août 2021)

Estelle-Sarah Bulle est née en 1974 à Créteil, d’un père guadeloupéen et d’une mère ayant grandi à la frontière franco-belge. Elle est l’auteure d’un premier roman, Là où les chiens aboient par la queue (Liana Levi, 2018), grand succès couronné par plusieurs prix littéraires, dont le prix Stanislas du premier roman, le prix Eugène-Dabit du roman populiste et le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde et d’un roman jeunesse, Les Fantômes d’Issa (L’École des loisirs, 2020). Les Étoiles les plus filantes paraît en août 2021.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.