L’homme qui danse, Victor Jestin

Le résumé de livre pourrait être très court, et peut-être ne pas avoir grand intérêt : un homme, Arthur passe la plupart de ses soirées/nuits en discothèque. Il ne vit que pour ça, ce moment où il sera dans la semie-obscurité, entourés de corps, soumis au rythme de la musique et de la danse.
Un livre où on entre presque à pas timides, Arthur a 40 ans, se réveille au petit matin dans la boite où il vient de passer une soirée. Quelque peu désorienté, il fait semblant de dormir pour ne pas attirer l’attention du serveur et du gérant.

Pourquoi cet homme, 40 ans, est là ? Pourquoi il semble ne pas vouloir quitter cet endroit ?
Victor Jestin va alors reprendre toute l’histoire d’Arthur du début, de l’adolescence, ce moment où l’être se construit. Ces années où Arthur se bat, se débat, avec lui-même, parce qu’il ne parvient pas à être « comme les autres ».
Lui, les filles, il ne sait pas comment les aborder, est-ce qu’il en a réellement envie ? À 15 ans, il ne se sent pas près, mal à l’aise constamment, avec les codes masculins, les codes sociétaux. Il a des copains, mais il se force à tout pour ne pas être rejeté.
Adulte, un jour, il suit, encore, et se retrouve contraint d’aller en boite de nuit. Et là, il y a comme un déclic. L’anonymat, l’obscurité, les corps qui s’expriment dans la danse et les contacts faciles que ça créent, ou la solitude rassurante dans laquelle on peut rester, tout en faisant parti d’un tout.

Arthur va alors trouver le lieu, le rythme, les interactions sociales qui lui conviennent.
Il va aussi faire de la musculation, sculpter son corps fétiche, son corps qui lui semblait étranger, encombrant, il se le réapproprie.

Victor Jestin a un talent certain pour transmettre la sensibilité contenue d’Arthur, des mots où la personnalité est contrainte, prise dans l’étau des conventions sociales. L’écriture est au plus près d’Arthur, de ses sensations, de ses troubles. Et de ses blocages, si nombreux.
L’homme qui danse raconte la difficulté d’être soi, le jugement des autres qui étouffe, l’épanouissement quand on parvient à trouver sa place.
Le talent de Victor Jestin est d’entourer son personnage de tendresse, on a tous et toutes croisé des hommes et des femmes trop âgé·e·s pour être dans tel boite de nuit, dans tel bar, dans tel concert… une dichotomie qui fait souvent rire, rend un peu narquois·e. Sans savoir l’histoire derrière, en oubliant qu’il n’y a pas d’âge pour être soi.

Éditions Flammarion (24/08/2022)

 

Né à Nantes en 1994, Victor Jestin y a passé son enfance. En 2019, son premier roman La Chaleur (Flammarion 2019) a obtenu le prix de la Vocation et le prix Femina des lycéens a été traduit dans plusieurs pays et est en cours d’adaptation cinématographique.

Son deuxième roman L’homme qui danse sort en août 2022.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.