Un jeune homme, plein de culpabilité après avoir abandonné sa mère atteinte de « démence précoce », revient au bercail. Dans une banlieue de Vancouver, au fond d’une impasse, pas loin de falaises, une ancienne maison abrite cette vieille femme noire. La « folle » qui se balade parfois pieds nus dans les rues, qui parle toute seule, qui oublie que son mari est décédé, que ses fils sont loin.
Lorsqu’il revient, il découvre sa mère oscillant entre lucidité et perte complète d’elle-même. Une jeune femme loge avec elle, Meera, elle prend soin d’elle, la lave, lui fait à manger, lui parle. Une complicité discrète s’est installée entre elles.
Ce roman montre le quotidien avec une personne perdant peu à peu pied avec la réalité, oscille entre tendresse et frustration. David Chariandy révèle une histoire intense, humaine, où le passé se mêle au présent, où les êtres s’apprivoisent.
Un livre où surgissent des thème forts : l’immigration, l’intégration dans un pays étranger, les couples mixtes, le racisme, la maladie, la filiation, la quête de soi, l’amour.
C’est écrit avec beaucoup de douceur, où les personnages évoluent avec prudence, chaque jour étant un nouveau combat, une nouvelle victoire, une terrible épreuve.
Un aspect fable, mise en avant par l’omniprésence d’un souvenir récurrent chez la mère : sa rencontre avec un Soucougnant. Une démone vampire qui se revêt de la peau humaine.
Avec des révélations du passé de chacun et chacune, qui donnent des explications et une épaisseur psychologique à des êtres en recherche de repères, dans un monde où tout semble leur échapper.
Roman traduit de l’anglais (Canada) par Christine Raguet
Ed. Zoé poche (février 2020)
Autre livre de David Chariandy : Il est temps que je te dise