Le sel de tes yeux, Fanny Chiarello

fanny chiarello le sel de tes yeux l'olivierSarah est une adolescente vivant dans une petite ville du bassin minier. Elle est solitaire, elle fait beaucoup de course à pied, elle aime les filles. Elle se cache.
Parce qu’on ne peut pas être lesbienne dans son petit univers. Parce qu’on ne peut pas être différente.
Sa mère traque les signes, les traces, et les détruits, humiliant son enfant, l’enfermant, la regardant comme une dépravée.
Son père, image absente et invisible, l’homme de maison qui ne dit jamais rien et regarde sa télé.
Sa sœur qui est « normale » avec son petit copain et son avenir tout tracé.

Sarah n’a pas grand chose qui la sauve de la chute : la course, la musique, son amie Jasmine, plus âgée, comme une grande sœur réconfortante, la relation ambiguë et à distance avec Rose. Et elle se met à écrire. Mais tout doit être tenu absolument secret. Et quand des choses lui échappent, c’est la violence qu’elle subit. Continuer la lecture

Tous Les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, Jean Paul Dubois

Jean-Paul Dubois dresse les portraits des hommes et des femmes qui ont traversé la vie de Paul Hansen, ancien concierge d’un condominium de luxe. En prison, Paul partage sa cellule avec un Hells Angels .Dans leur piaule de 6 m2, Paul refait le chemin en arrière et fait revivre les morts les vivants, son père ancien prêtre danois qui s’est perdu au jeux de hasard, sa mère féministe avant l’heure,  sa fidèle chienne Nouk de sa femme moitié algonquine et moitié irlandaise, pilote d’hydravions, ses rares amis, et ses hommes méchants et tyranniques.

Du passé au présent, des instants de bonheur, de malheur, de drames, il décrit les hommes comme ils sont avec ironie, drôlerie et aussi avec  beaucoup de tendresse.
Une fresque sur la vie humaine, sur fond de cartes postales de paysages magnifiques canadiens, français et scandinaves.

Prix Goncourt 2019

Editions de l’Olivier 

Autre livre de Jean-Paul Dubois sur le site : La succession (2016)

Dans le faisceau des vivants, Valérie Zenatti

dans le faisceau des vivants zenatti

[Rencontre le samedi 26 janvier 2019, 16h30]

Valérie Zenatti est autrice, et traductrice. Notamment traductrice des oeuvres d’Aharon Appelfeld depuis 2004. Cette rencontre va bouleverser sa vie, son intime. Elle en écrit d’ailleurs un livre, en 2011, un livre (Mensonges) qui évoque cette relation.
4 janvier 2018, Aharon Appelfeld décède.
Valérie Zenatti est dévastée. Elle se renferme, perd les mots.

Par ce livre, Dans le faisceau des vivants, elle raconte son deuil, le choc de la perte, le vivre sans. Elle raconte aussi comment elle s’accroche aux mots d’Appelfeld, à des images de lui, qu’elles cherchent, dont elle se nourrit, pour garder vivant la voix de cet homme si important pour elle.
Puis elle raconte son voyage, jusqu’à la ville où a vécu enfant Appelfeld. Cette ville Czernowitz, où les nazis sont venus l’arracher à sa vie. Continuer la lecture

Désintégration, Emmanuelle Richard

On y plonge et on n’en ressort pas

Désintégration est un roman intimiste, à la fois social et féministe, dans lequel la narratrice (qui n’a pas de nom mais qui pourrait très bien être l’auteure elle-même) raconte sa lutte pour trouver sa place dans le milieu bourgeois-intello-artiste parisien en tant que jeune femme blonde de la classe moyenne pavillonnaire de la lointaine banlieue. Ses parents ont trimé toute leur vie et elle, passionnée de littérature et écrivaine de la nuit, aspire à autre chose, à mieux. Malgré sa force de caractère, sa liberté d’esprit et ses privilèges de fille blonde aux yeux bleus, le déterminisme social semble la rattraper et, en même temps que sombre peu à peu son espoir, monte en elle une haine de classe de plus en plus incontrôlable. En parallèle, la narratrice nous raconte son présent où, malgré un premier livre publié et un début de reconnaissance médiatique, elle nage dans un désespoir apparemment inextricable. Continuer la lecture

L’avancée de la nuit, Jakuta Alikavazovic

avancee de la nuit alikavazovicPaul, un étudiant classique, tranquille, avec ses potes, ses études et ses petits boulots. Qui a une petite honte refoulée d’être d’un milieu modeste.

Il bosse la nuit dans un hôtel de la chaîne Elisse. Et y fait la connaissance d’Amélia. Fille richissime, qui vit à l’hôtel. Fille à la chevelure flamboyante. Fille mystérieuse et magnétique. Fille écorchée, sombre, et volatile. Comme un papillon de nuit.
La nuit, l’obscurité, ce qui va leur permettre de se trouver, de se réunir. Ce temps où tout devient force et intensité. Pour le meilleur et pour le pire.

L’avancée de la nuit parle d’amour, d’amour complexe, de destruction, de solitude. De la guerre (Bosnie). Des racines (du mal ?) : les mères absentes, en fuite ou décédée, dont la disparition a creusé le coeur de Paul et Amélia, a créé un déséquilibre, un creux au bord duquel ils se tiennent. Ou sombrent. Continuer la lecture