La vie invisible d’Addie Larue, Victoria E. Schwab

1714, dans un petit village proche du Mans, Adeline Larue rêve de voir le monde.
Sa condition de jeune femme l’en empêche et son mariage semble inévitable. En dernier recours, elle en appelle aux créatures de la nuit pour sceller un pacte, à double tranchant.  Elle obtient l’immortalité… mais ne peut laisser de traces sur le monde, tel un fantôme à travers les siècles : jamais personne ne pourra se rappeler de son nom, de son histoire ou de son visage. Aussitôt rencontrée, aussitôt oubliée. 

Après des années d’errance, Addie perçoit plus finement les limites de son pacte : elle vit au mieux ses rencontres avec les artistes de chaque époque, découvre langues et cultures du monde entier – avec leurs lots d’émerveillements et parfois d’horreurs – jusqu’à arriver à New York. 

Et après 300 ans, sa présence éthérée devient plus tangible : un jeune libraire la reconnait. Une question la taraude : pourquoi ? Continuer la lecture

Artemisia, Alexandra Lapierre

artemisia lapierreAlexandra Lapierre signe avec ce livre une biographie détaillée et passionnante de la première femme peintre reconnue par l’académie, Artemesia Gentileschi.

Elle revient sur les violences formatrices de son existence : le viol par un ami de la famille assez tôt dans son adolescence, sa relation houleuse avec son père, lui-même peintre dans la mouvance du Caravage, la nécessaire émancipation qu’elle devra opérer pour affirmer son propre talent.
Mais aussi et surtout la difficulté d’être une femme d’abord, indépendante ensuite, et peintre de surcroît, dans cette Italie du début du XVIIe.
Autant d’événements qui ont sans aucun doute contribué à la profondeur et l’agressivité de sa peinture en clair-obscur, ayant également une incidence sur le choix de ses sujets : principalement des femmes, fortes et sanglantes. Continuer la lecture

Crève, mon amour, Ariana Harwicz

creve mon amour harwiczQuelque part, à la campagne, une jolie maison qui mérite quelques travaux. Un homme et une femme, mariés. Un bébé. C’est l’été, l’homme joue avec son fils dans la piscine en plastique installée dans le jardin. La femme est postée, à l’ombre, et imagine que la chaleur caniculaire, dans sa main, se transforme en couteau. Mais elle se lève, et va juste étendre le linge.

Ariana Harwicz signe un roman sans fard sur une femme qui lutte contre l’ennui, les nuits d’insomnie, l’emprisonnement, le carcan d’une vie, et les pulsions violentes qui l’envahissent, fissurent son enveloppe de femme, d’épouse et de mère.

Un monologue entre poésie, folie, détresse et violence, qui dénonce l’enfermement des femmes dans des modèles imposés par un monde patriarcal aveugle, sourd et égoïste. Continuer la lecture

Moi Tina Modotti, heureuse parce libre, Gérard de Constanze

Tina Modotti, d’origine italienne est une femme libre de la fin du 19ème siècle. Tour à tour, muse, actrice de théâtre, elle devient une photographe émérite et amante de figures politiques comme le révolutionnaire cubain Julio Antonio Mella de 15 ans son cadet. La camarade Tina Modotti poursuit son engagement politique auprès des plus faibles, animée d’une forte volonté de porter assistance aux exilés cubains.

Une vie d’errance depuis les Etats Unis au Mexique en passant par Berlin, l’Espagne, Paris notamment s’ouvre pour cette Mata Hari du Kominstern qui croisera Frida Kahlo, Diego Rivera, Capa, Seymour, Weston, célèbre photographe américain.

Tina Modotti est une femme libre, libertaire, libertine, trop libre pour son temps et son milieu. Merci à Gérard de Cortanze de nous offrir un portrait de femme scandaleuse mais courageuse

Editions Albin Michel

Écrivain, éditeur aux éditions Albin Michel, membre de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, Gérard de Cortanze a publié plus de 80 livres, traduits en vingt-cinq langues. Parmi eux, des romans (Les Vice-Rois, prix du roman historique ; Cyclone, prix Baie des Anges Ville de Nice ; Assam, Prix Renaudot ; Banditi ; Laura ; Indigo, prix Paul Féval ; L’An prochain à Grenade, prix Méditerranée ; Les amants de Coyoacan…, Zazous, des essais (Jorge Semprun, l’écriture de la vie ; Hemingway à Cuba ; J.M.G. Le Clézio, le nomade immobile ; Pierre Benoit, le romancier paradoxal, prix de l’Académie française), et des récits autobiographiques (Une chambre à Turin, prix Cazes-Lipp ; Spaghetti ! ; Miss Monde ; De Gaulle en maillot de bain ; Gitane sans filtre…), Frida Kahlo, la beauté terrible.

Préférer l’hiver, Aurélie Jeannin

preferer l'hiver aurelie jeanninDeux femmes, une mère et sa fille, endeuillée, meurtrie, ont tout quitté. Elles sont parties, trouver refuge dans une cabane, au coeur de la forêt. Elles vivent là, à se nourrir de l’essentiel – de leurs récoltes, de leurs quelques courses faites dans la ville la plus proche, à plus d’1h30 en voiture – à lire, se partager les mots des autres, pour mettre un son, une image, sur ce monde qu’elles ont fui, qu’elles ne comprennent plus.

La narratrice, la fille, raconte leur quotidien, leur douleur et leur force.

Aurélie Jeannin signe un roman à l’écriture intense, des phrases concises où le lecteur devra se faire une place, laisser les émotions brutes résonner comme un écho dans le silence d’une forêt en plein hiver. Un style âpre où le givre craque, la neige étouffe les bruits, les animaux se blottissent, où ces deux femmes apprennent à vivre leur solitude et leurs pertes. Un livre qui ne raconte pas le deuil, mais le rend palpable, lui donne chair, comme un compagnon douloureux mais nécessaire. Un livre qui parvient à faire sentir la puissance de la résilience de ces deux femmes.

Editions Harpercollins (2020) 

Autres livres de l’auteure sur notre site
Les Bordes (2021)
Au point du jour (2024)

Aurélie Jeannin est née en 1982. Elle vit avec son mari et ses enfants en forêt, quelque part en France.