Comme la chienne, Louise Chennevière

Comme_la_chienne

Ce livre c’est une femme qui parle pour plusieurs, pour toutes les femmes.
Un recueil de nouvelles plus poignantes les unes que les autres. Une compilation de malaises, de mal-êtres, dans l’intimité d’un corps, dans un cercle restreint amical ou familial, dans les murs d’une école, d’un bureau, ou plus généralement dans une société machiste, où la femme doit être, mais pas trop. Surtout être belle, mince, s’assumer et s’aimer, mais sans parler.
Louise Chennevière parle alors pour elles, formule toutes ces peurs, ces violences, mais aussi ces fantasmes et ces tabous.

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Voix du désir, Michel Schneider

voix du desir schneider buchet chastelFreud méprisait la musique et n’y voyait qu’un bruit intrusif ! La musique empêche de penser. Il appréciait « Les Maîtres Chanteurs »  de Wagner et « Carmen » de Bizet, il aimait surtout les opéras de Mozart « Don Juan » et « Les Noces de Figaro ».

Michel Schneider analyse une quinzaine d’opéras, et nous découvrons ces jeux archaïques de l’inconscient entre le sens et le son.

Les héroïnes d’opéra que l’on rencontrera dans le livre passionnant de Michel Schneider sont femmes dans la haine de la mère qui les ravage, leur sexe chante, elles meurent ou tuent par amour, leur défaite est un triomphe, leur victoire une extinction. « Étrangères incompréhensibles et inaccessibles sont les voix du désir. »

Le livre des reines, Joumana Haddad

Quatre générations de femmes traversent cent ans de guerres intestines au Moyen-Orient dans cette magnifique saga féminine et féministe de Joumana Haddad.

Comment vivre quand tout le monde meurt autour de soi ? Comment avoir une identité quand on est arraché de ses racines par les massacres et la persécution ? Comment aimer quand l’amour est un luxe hors de sa portée ? Comment donner l’exemple quand on est le pire exemple qui soit ? Autant de questions que Qayah, Qana, Qadar et Qamar, les quatre reines aux origines et déchirements multiples, se posent et luttent pour y répondre. On se reconnaît dans chacune d’elles, on partage leurs questionnements, bien qu’amplifiés par un environnement morbide qui peut nous sembler loin. Mais c’est si proche, dans le temps, dans l’espace, dans la tête et dans le cœur.  On pleure avec ces femmes, on crie, on mord et on se débat, mais surtout on se bat, on ne se laisse pas faire et on ne tombe jamais, jamais dans le pathos ou la victimisation.

Ces femmes, les femmes, sont les éternelles sacrifiées et oubliées de toutes les guerres. Ici, l’autrice libanaise, à travers le récit romancé de sa propre famille, place sur le devant de la scène l’Histoire, la société et la religion du point de vue des Elles. Enfin. Un roman urgent, essentiel, indispensable.

Editions Actes Sud (2019)
Trad. Arnaud Bihel

Une Bête au Paradis, Cécile Coulon

une-bete au paradis, coulon, avis, critiqueUne vieille ferme, isolée au bout du monde. Une vieille femme, courbée par le temps, tordue par les épreuves, dépose un bouquet de fleurs sauvages au milieu d’une fosse à cochons désertée.
Cette femme c’est Blanche, la dernière survivante, la dernière qui tient, la femme seule, la résiliente.
Avant elle, il y a eu sa mère, Marianne, mais surtout sa grand-mère Émilienne.
Le Paradis, c’est Marianne qui l’a nommé ainsi, ce coin du monde où elle pensait trouver l’harmonie et la paix.
Mais les drames et les épreuves en décideront autrement.

Quel livre.
Quelles femmes.
Quel lieu.
Cécile Coulon décrit avec âpreté, force, et intensité, cette ferme, ces paysages, et ces personnages. Ce roman est comme une tragédie grecque : huis-clos où se joue mille manigances, où les blessures ne se referment jamais, où la vengeance reste tapie en attendant son heure. Continuer la lecture

Les larmes noires sur la terre, Sandrine Collette

larmes noires collette denoelDe livre en livre, Sandrine Collette s’écarte du thriller pour aller de plus en plus dans le roman noir. Elle creuse les atmosphères, creuse ses personnages, creuse dans les émotions du lecteur.

Ici, d’abord, on suit Moe. Elle a quitté Papeete pour suivre un homme, elle rêvait d’un destin non tracé, de Paris, d’émancipation. Mais Rodolphe l’enterre dans une maison du fin fond de la province, la bat quand il est trop saoul…
Lorsqu’enfin elle s’enfuit, c’est presque impulsivement.
Très vite c’est la rue.
Puis La Casse, un lieu où ceux qui n’ont plus rien se retrouvent enfermés, isolés, à dormir dans des épaves et à survivre sans grand espoir d’en sortir un jour. Continuer la lecture