La vallée des fleurs, Niviaq Korneliussen

Après la claque Homo Sapienne, premier roman vif, tranchant, contemporain, j’attendais un nouvel ouvrage de Korneliussen avec impatience.
Et voilà qu’enfin arrive La vallée des fleurs.

La narratrice est une jeune femme intelligente, inuite, qui vit au jour le jour sa vie et son histoire amoureuse avec Maliina. Acceptée à l’université au Danemark, elle est à la fois ravie d’échapper au cocon familial très protecteur et inquiète à l’idée de laisser sa petite amie au Groenland.

En quelques allers-retours entre le Groenland et le Danemark, l’autrice tisse un récit introspectif, où les sentiments ont une place prédominante. Confrontée à la solitude, l’angoisse de la narratrice gagne de plus en plus de terrain. 

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Agathe, Anne Cathrine Bomann

agathe bomann peupladeUn psychanalyste se prépare à la retraite. Il a fait le calcul, il lui reste 800 entretiens avant de pouvoir tout arrêter. Cartésien, lassé, blasé, désabusé, solitaire, il n’a plus que cet objectif en tête. Sans autre projet que son fauteuil et un bon livre.
Mais voilà que sa secrétaire accepte une nouvelle patiente. Elle a insisté pour être suivie par lui. Mécontent, il la reçoit tout de même.
Et là, un décalage dans sa routine, une étrangeté dans son regard, un parfum de pomme sur la peau, le psychanalyste est touché, perturbé, curieux.
Agathe est allemande, en perte de repère, de goût pour la vie. Elle casse la distance professionnelle instaurée par le psychanalyste, elle le bouscule, le sort de sa zone de confort.
À cela s’ajoute l’absence soudaine de la fidèle, assidue, et ordonnée secrétaire, qui pour la première fois va ouvrir au psychanalyste la porte vers sa vie privée. Continuer la lecture

Homo Sapienne, Niviaq Korneliussen

Portrait de la jeunesse groenlandaise. Personnages que l’on découvre chez eux ou à une fête. Récits construits en parties : à chacune son narrateur. Monologues intérieurs puissants. Des histoires d’amour qui se terminent, à décrire avec une violente justesse la mort des sentiments, l’ennui, la colère, le dégoût de l’amour de l’autre. Des histoires d’amour qui naissent, une rencontre à une soirée, une fille magnifique, le « courant passe », l’électricité palpable à chaque mot. Le besoin de fête, d’alcool, de bruits, de mouvements, pour oublier que ce pays est une prison, cloisonne, n’offre pas de perspective, tourne en rond.
La sexualité, le questionnement du genre, fait avec naturel, évidence, mais sans fermer les yeux sur le rejet, parfois, des parents, d’une famille qui nous ferme la porte, et une autre qu’on se crée, avec qui on est soi. Continuer la lecture