Les Presque sœurs, Cloé Korman

Mireille, Andrée, Rose, Jeanne, Jacqueline et Henriette se désignent comme des presque sœurs, mot dans la bouche des survivantes et qui date de la nuit en prison. A partir de cette nuit passée sans le savoir, elles sont toujours ensemble, toutes les six.

C’est le destin de ces deux familles, Kaminsky et Korman, raconté par leur petite cousine Cloé. Deux familles polonaises que rien n’unit. Arrivées en France, bien intégrées, mais à cause des lois raciales de 1940, elles vont être en fuite permanente parce que juives.

De Montargis à Pithiviers, en passant par Beaune La Rolande, ces enfants de la République vont vivre sous les coups, retranchés dans des camps d’internements sans leurs parents où il n’y a ni nourriture, ni installation sanitaire.

L’auteure raconte comment ces enfants ont pu vivre seuls à un si jeune âge, dans des conditions épouvantables en ayant qu’un espoir, celui  de retrouver leurs parents avant de sombrer dans la démence.  A l’été 1942, ce sont des milliers d’enfants qui seront déportés, faute d’adultes déjà envoyés et morts dans les camps. Les presque sœurs  sont hébergées durant la guerre dans des foyers d’accueil  contrôlés par l’union générale des Israélites de France UGIF. L’auteure cherche à savoir qui elles étaient.

Un récit bouleversant sur la France de Vichy et les enfants de la guerre. 

Editions Seuil (2022)

Cloé Korman grandit à Boulogne-Billancourt, dans une famille juive originaire d’Alsace du côté de sa mère et de Pologne du côté de son père, Charles Korman (dirigeant de la Licra, avocat de l’une des parties civiles aux procès de Klaus Barbie et d’Aloïs Brunner), marquée par les exils et les persécutions du xxe siècle.

En 2002, elle intègre l’École normale supérieure de Lyon où elle étudie la littérature anglo-saxonne et l’histoire de l’art. Entre 2008 et 2010, elle travaille au ministère de la Culture et de la Communication, avant de se consacrer à l’écriture et à l’enseignement.

En 2008, elle part vivre à New York aux États-Unis et commence à écrire son premier roman. Entre 2010 et 2013 paraissent aux éditions du Seuil deux romans sur les frontières et les migrations dont Les Hommes-couleurs, l’histoire d’un exode moderne dans le désert mexicain, qui a été distingué par le prix Valery-Larbaud et le prix du Livre Inter. Paraît ensuite Les Saisons de Louveplaine, roman inspiré par les émeutes de 2005 où elle raconte la disparition d’un immigré algérien dans une Seine-Saint-Denis mythique, hantée par l’Histoire et par des personnages d’adolescents fugueurs ; le roman est sélectionné pour le prix Médicis et le prix Renaudot.

Son troisième roman, Midi, qui traite de « la vulnérabilité de l’enfance, les compromis coupables des adultes et la puissance aveuglante du désir », paraît au Seuil à la rentrée littéraire 2018 ; il fait partie de la première sélection du prix Renaudot.

Professeure de français au collège Jean-Pierre-Timbaud à Bobigny, elle a dirigé deux ouvrages collectifs issus d’ateliers d’écriture avec des adolescents.

Elle est nommée conseillère discours et argumentaires au cabinet du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse Pap Ndiaye, à compter du 13 juin 2022. En 2022, finaliste du prix Goncourt pour Les Presque Sœurs, elle est publiquement accusée de vol mémoriel et identitaire par les sœurs témoignant dans son récit.

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