L’étrangère, Olga Merino

Angie est revenue dans le village de son enfance, en Espagne, depuis une dizaine d’années. Pourtant, elle est toujours l’étrangère. Celle qui vit isolée et solitaire dans sa maison, une existence rude, sèche, spartiate.

Un jour, accompagnée d’un autre réprouvé – l’homme noir, sans papier, ouvrier agricole consciencieux et calme – il découvre le corps de Don Julian , le grand propriétaire terrien de la région, pendu.
Un drame qui devient presque habituel dans ce coin d’Espagne, des suicides parsèment l’histoire de la famille de Don Julian et d’autres habitants.
Un passé troublant, dans lequel va commencer à creuser Angie.

Grâce à l’écriture d’Olga Merino, on sent la chaleur sèche d’Espagne, la poussière sous laquelle se terre les secrets, les regards en coin, les menaces latentes, et la puissance d’Angie, cette femme seule, qui affronte chaque obstacle avec opiniâtreté.

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Seule en sa demeure, Cécile Coulon

Aimée, jeune fille de bonne famille, épouse Candre. Orphelin, déjà veuf, mais encore jeune, il semble être le mari parfait : pieux, calme, riche, courtois.
Aimée quitte donc les siens à bord de la calèche qui l’amènera, une trentaine de kilomètres plus tard, en plein coeur du Jura, à la demeure Marchère. Une apparente courte distance, sauf que le voyage à cheval reste long, et le domaine Marchère est un lieu loin de tout, très grand, où vivent seulement Candre, sa nourrice gouvernante Henria et son fils Angelin – un muet mystérieux qui se dissimule aux abords du parc.

 De ce mariage arrangé, Aimée, qui peine à trouver ses marques, apprend à aimer Candre. En quête d’un héritier,  Candre est tendre avec son épouse.Tout semble bien se passer, Candre ne brusque pas sa nouvelle femme, il est doux et attentionné ; mais il est aussi assez distant et ne cherche pas à faire connaissance avec sa nouvelle épouse. Henria se comporte comme une bonne gestionnaire, attentive, un peu brusque et protectrice.

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Le chant des revenants, Jesmyn Ward

le chant des revenants ward belfond avisJojo a treize ans, vit avec ses grands parents, sa mère et sa petite sœur, dans un Mississippi encore imprégné de racisme et de ségrégation. Jojo est métis. Sa mère Léonie est noire, belle, pas très futée, et pas tout à fait sortie de l’adolescence… Folle amoureuse de Michael – un blanc de bonne famille – dont elle attend avec fébrilité la sortie de prison.
Jojo affronte le monde avec sérieux, responsabilité et colère. Il prend soin de sa petite sœur, Kayla, qui trouve toujours le moyen de se lover contre lui ou de lui grimper sur les épaules.
Il n’a pas confiance en sa mère, qui se comporte avec trop d’insouciance, et se drogue.
Léonie fait ce qu’elle peut, mais au fond tout ce qu’elle veut c’est son homme. Elle aime ses enfants, mais ne sait pas quoi en faire.
Le grand père sert de parent référent à Jojo. Ensemble, ils discutent, se transmettent les choses. Il est solide, posé, aimant et doux. Mais aussi blessé et meurtrit par un passé douloureux, notamment un séjour au pénitencier où il a vécu et vu des choses affreuses sur lesquelles il ne parvient à mettre de mots.
La grand mère, sorcière chaman guérisseuse, est alitée, rongée de toutes parts par le cancer. Elle tente encore parfois de guider les siens, mais elle cherche au fond à mourir comme il faut. Continuer la lecture

Les photos d’un père, Philippe Beyvin

les photos d'un pere beyvin grasset avis maruaniThomas a 14 ans lorsque sa mère lui annonce que son père n’est pas son père. Un choc pour l’adolescent. Surtout qu’elle lui dit ne pas savoir qui est son vrai père. Il ne comprend pas. Commence à enquêter, à questionner, à fouiller. Et finalement, adhère à cette théorie : les années 70, la liberté sexuelle, les fêtes, la drogue… sa mère, pourtant si sage, si droite, si classique, a peut-être, après tout, était une jeune hippie aux multiples amants.

Puis des années plus tard, alors que Thomas est en train de s’installer dans sa propre vie, boulot, copine stable… ce père inconnu ressurgit. Sa mère dévoile qu’il ne serait pas un parfait inconnu, mais un photo-reporter célèbre qui aurait disparu mystérieusement…
De là, Thomas va reprendre son enquête, de manière assidue. Se découvrir une grand-mère, et des pans de la vie de sa mère et de ce père disparu au Vietnam. Continuer la lecture

Né d’aucune femme, Franck Bouysse

ne d'aucune femmeLe livre commence avec Gabriel, le curé de campagne en route pour bénir le corps d’une femme dans un asile. Quelques jours avant, au confessionnal, une autre femme lui a dit de regarder sous les jambes de la morte, et de récupérer les carnets. Gabriel découvre les carnets. Le médecin au comportement suspect.
Gabriel, sitôt rentré, ouvre le premier carnet et découvre l’histoire de Rose.
Dès les premières scènes, Rose est vendue par son père, contre une maigre bourse de pièces, au propriétaire d’une forge.
Elle arrive sur la propriété. L’homme vit avec sa vieille mère, et son épouse alitée, à la porte de la chambre close et interdite d’accès.
Le palefrenier dit à Rose de s’enfuir, vite et loin.
Elle reste.
L’ambiance est posée dès les premières lignes, parce que Franck Bouysse a une écriture qui râpe, qui accroche, qui va droit au but. Des mots simples avec beaucoup de puissance.
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