Rose a une petite vingtaine lorsqu’elle arrive à Paris. À l’orée du XXème siècle, une époque qui se modernise, où les mœurs changent, et où les repères n’existent plus, la jeune fille tente de trouver sa place. Et de se trouver.
Issue d’une famille aisée, elle a grandit sans l’affection de ses parents. Et a appris tout ce qu’elle sait de sa nounou ultra protectrice : Zelada. Rose sait faire le ménage à la perfection, a un grand savoir en botanique, sait parler trois langues… mais n’a absolument aucune connaissance en la nature humaine.
Sans argent, Rose va compter sur la chance, et la bonté des gens qu’elle va croiser. Bonté toute relative…
L’écriture d’Agnès Desarthe, à la fois légère et riche, pleine de détails et aérienne, fait voyager le lecteur et l’immerge dans la vie de cette jeune femme innocente, naïve, fragile et terriblement attendrissante, qui suit les élans de son cœur.
On découvre son existence ballotée, de la plus grande pauvreté au faste exubérant, entre tendresse et solitude, de l’Afrique à la France, en passant par le Danemark. Des portraits de personnages toujours sur la brèche, empêtrés dans les convenances, se cherchant eux-mêmes.
Ce sont aussi des pans de l’histoire de la France que nous traversons, l’ombre de Richard Dreyfus, la silhouette de Nadar, le piquant des années folles, les coulisses de l’opéra Garnier, les troubles de la Grande Guerre…
Un roman d’une grande maîtrise dans sa construction, utilisant les retours en arrière pour éclairer le présent, passant aisément de l’humour à la tragédie, du mélodrame à l’insouciance, du milieu mondain aux bas-fonds parisiens.
Un livre qui se dévore littéralement.
Editions de l’Olivier (20.08.2015)
Prix Littéraire du Monde 2015