
Deux histoires se font écho : Sylvin Rubinstein, le danseur de flamenco sauvage, puissant, androgyne, parfois travesti, qui de Russie (à fuir, enfant, avec sa mère et sa sœur la révolution russe, où les juifs sont assassinés), à Varsovie, puis Berlin, va vivre entre feu et glace. Le feu en lui, résistant juif insolent, imprudent, magouilleur, à braver le danger, et la glace de la solitude, de la perte des êtres chers, du deuil…
Un destin incroyable, tragique.
Celui qui finira par arpenter les rues déguisés en femme, pour échapper à la gestapo, pour conquérir les âmes, pour danser encore.
Puis on
suit Lukas, jeune homme perdu dans son corps, androgyne, harcelé, fou
de danse et de l’histoire de Rubinstein. Il ira, et entrainera avec lui
ses amis et Iva, une roumaine sans papier qui danse le Flamenco, qui a
le Duende – cette énergie qui mène au bord du précipice, comme une
transe entre la mort et la vie, que cherche tout danseur et danseuse de
flamenco.
Ensemble, ils vont danser, à travers l’Europe, faisant
vibrer les cœurs, suscitant le courage chez les combattant·es et la
colère chez d’autres.
Marie Charrel parvient à mettre en lumière les plaies de notre société, les combats, les injustices, tout en entraînant lecteur et lectrice dans un roman vibrant. On s’attache d’emblée aux personnages, on s’identifie à leurs combats, on sent le rythme de la danse entre les lignes…
Un livre qui questionne aussi sur les leçons de l’Histoire. Les erreurs qu’on ne pensait ne plus se répéter… et qui frappent encore… Les génocides, les dictatures, le racisme, l’homophobie, la pauvreté, l’ostracisme…
On voudrait croire à cette image des Danseurs de l’Aube, au milieu des gaz lacrymogènes, qui dansent la liberté et l’amour.